Quelle marge d’anticipation laisse un train de fret lancé à 120 km/h lorsque des équipes travaillent à quelques mètres des rails ? Sur les chantiers ferroviaires en Suisse, la réponse passe par un ensemble codifié de signaux d’alerte qui doivent permettre à chaque ouvrier de pouvoir quitter la zone. Ces règles, affinées par plus d’un siècle d’exploitation intense, ont permis de réduire drastiquement les accidents liés aux travaux de voie. Quelles que soient la topographie, la météo ou la nature de l’intervention, les principes restent constants : détecter l’approche, transmettre l’information de façon univoque et libérer la voie en moins de quinze secondes.

La signalisation, premier rempart sur les chantiers ferroviaires en Suisse

Le drapeau rouge brandi par le protecteur, la corne d’appel portative et le sac comprenant fusées et lampes clignotantes constituent la triade historique de l’avertissement. Dès qu’une sentinelle annonce un train, le protecteur déclenche une rafale sonore suivie d’un signal lumineux, indiquant sans ambiguïté que l’évacuation doit commencer. Ces dispositifs figurent toujours sur la liste de matériel obligatoire avant l’ouverture d’un chantier et sont détaillés dans les prescriptions CFF relatives à l’organisation de la sécurité.

Comme le rappelle tout spécialiste en sécurité ferroviaire suisse et autre organisme, la R RTE 20100 fixe aussi les marges d’éloignement minimales et précise le code couleur des drapeaux, afin que la signification reste identique à Lausanne ou à Coire. Cette harmonisation, révisée en 2023 pour s’aligner sur les Prescriptions de Circulation des Trains 2024, garantit une lecture instantanée des signaux par les conducteurs et les équipes au sol.

L’alarme automatique par câble ou radio, bras armé de la détection à distance

Pour les chantiers de longue durée, on installe désormais des systèmes d’alerte automatique par câble ou radio. Des détecteurs posés à quelques centaines de mètres en amont repèrent le passage d’un essieu et déclenchent aussitôt une sirène WGH et un flash jaune WGL le long de la zone de travaux. Le volume s’ajuste au bruit ambiant – le principe Autoprowa – ce qui réduit la gêne pour les riverains tout en restant parfaitement audible. Sur les chantiers ferroviaires en Suisse, ces dispositifs modulaires atteignent la norme de sécurité SIL4 : en cas de défaillance, un signal de secours se déclenche quand même, donnant aux équipes une alerte fiable, de jour comme de nuit. La centrale SSE2 enregistre chaque passage et transmet un log numérique au chef de la sécurité, utile pour l’audit de fin de chantier. 

Communication et coordination humaine : la dernière chaîne de sécurité

Une alarme, si sophistiquée soit-elle, n’a de sens que si elle s’accompagne d’une discipline de communication impeccable. Depuis 2020, les CFF imposent le principe « Digit by Digit », qui oblige à énoncer chaque chiffre séparément pour éviter toute confusion sur des fréquences parfois parasitées. Le protecteur confirme l’heure de coupure, la direction du train et le retour à une situation « voie libre » avant d’autoriser la reprise du travail. En parallèle, la sentinelle reste positionnée hors de la zone de danger pour surveiller visuellement l’horizon ferroviaire. Cette double validation humaine, adossée aux dispositifs techniques décrits plus haut, fait la différence quand quelques secondes pèsent sur la sécurité collective. La R RTE 20100 exige que ces échanges soient consignés dans un registre disponible à l’OFT sous 24 heures.

Face à un trafic appelé à croître encore, prévenir vaut toujours mieux que guérir, surtout lorsque plusieurs milliers de tonnes d’acier croisent à pleine vitesse. C’est pourquoi, il existe des entreprises spécialisées dans la sécurité ferroviaire apte à mener a bien signalétique codifiée, alarmes intelligentes et d’une communication sans faille permettant aux équipes de travailler avec sérénité et efficacité. Au prochain passage d’un convoi, saurez-vous reconnaître immédiatement la bonne séquence d’alerte ?